Dans chaque numéro d’Espaces contemporains, la décoratrice suisse Élodie Raneri (J’aime pas les dimanches) nous livre un de ses coups de cœur du moment. Ce mois-ci, elle nous fait découvrir le designer suisse Vincent Mazenauer, fasciné par la magie potentielle des matières. D’origine neuchâteloise et déjà bien connu des galeries françaises, cet autodidacte exportera bientôt ses meubles-œuvres à New York.
Basé à Lausanne mais originaire de Neuchâtel, Vincent Mazenauer s’est fait connaître à travers sa marque de mobilier et d’objets pour la maison haut de gamme.
Le designer suisse collabore avec plusieurs ateliers de fabrication artisanale pour réaliser ses créations. Autour de lui, un menuisier-ébéniste formé au savoir-faire traditionnel, une entreprise qui produit des assises et, depuis un an, un atelier en France voisine, le studio Saint Pierre, qui réalise des pièces d’exception en travaillant le bronze, le laiton et la résine.
Sublimer le métal
Vincent aime beaucoup le noyer, une essence de bois très noble, mais apprécie également de travailler des matières plus communes. Il ne considère pas que certaines matériaux sont, par leur nature, plus aptes à donner un objet beau et majestueux. Cependant, en découvrant son travail, on mesure rapidement la manière exceptionnelle qu’il a de s’emparer du bronze pour illuminer ses créations.
« J’associe la transformation du bronze à de l’art » explique Vincent. Jouant avec la technique du dégradé, le designer utilise cette matière pour créer des textures différentes, donner de la matérialité à la teinte, de la matité et de la patine. L’oxydation du bronze lui permet également de pouvoir créer des couleurs à l’infini. Actuellement par exemple, il est en train de créer une nouvelle collection de meubles qui va du bleu marin au bleu turquoise.
Par ailleurs, le designer utilise la technique du giclage du bronze plutôt que le coulage pour des raisons de poids. Avant le giclage du bronze, Vincent conceptualise le relief de certaines formes grâce à de la peau de galuchat, qu’il pose sur les surfaces, donnant un rendu aléatoire qui crée de belles surprises. Entre cette technique d’obtention d’un granulé de surface, les variations de teintes d’oxydation et le type de ponçage de l’artisan, chaque pièce présente un aspect réellement unique.
Comme Vincent opte souvent pour des détails de finition très difficiles à réaliser, rien n’est simple pour les artisans qui l’entourent. Avant la fabrication d’un objet, de multiples tests et prototypes doivent être effectués, parfois pendant trois mois, afin de trouver la « recette de cuisine parfaite » que le designer aime noter dans un petit carnet. Ce sont ces multiples expérimentations qui permettent à Vincent de développer des finitions inédites. Son projet de table basse en amidon de maïs recouvert de bronze, et sa console percée de petits trous remplis d’un composant qui oxyde la matière, en sont encore des illustrations.
Un designer autodidacte
Vincent touche aujourd’hui principalement une clientèle française, en particulier à travers des galeries parisiennes réputées. Il n’en reste pas moins que son nom commence à être connu dans le monde entier. Il aura ainsi la chance de pouvoir exporter prochainement ses meubles-oeuvres à New York.
Pour autant, la plus grande fierté du designer est de pouvoir exercer son activité en étant autodidacte. N’ayant fait aucune école de design, Vincent a hérité de la passion de ses grands-parents, très bricoleurs est artisans dans l’âme, qui lui ont donné le goût de la transformation d’objets. Il s’est formé en testant, en imaginant, en peignant et surtout en dessinant. C’est en dessinant qu’il s’est rendu compte que le design était sa vocation.
Du reste, aujourd’hui encore, Vincent passe encore beaucoup de temps dans son studio à crayonner; mais peu importe où il se trouve, tout est source d’inspiration. Ses dessins n’obéissent pas à des objectifs précis. C’est seulement une fois qu’il a une idée plus arrêtée en tête, qu’un long processus d’expérimentation se met en place jusqu’à l’obtention de la finition parfaite. Le fil conducteur de ses différentes collections se trouve autant dans les techniques artisanales sophistiquées mises en oeuvre que dans les formes arrondies et généreuses formant sa signature esthétique.
La marque de meubles Vincent Mazenauer produit uniquement à la demande: il n’y a pas de stock. Cependant, son site internet montre toutes les réalisations disponibles. Des commandes sur mesure sont également possibles, mais c’est le designer qui décidera de la finition des matériaux et des couleurs.
Plus d’infos: kasadamo.com/vincent.mazenauer
