Réalisé par le bureau d’architecture paysagère vaudois Mise en Scène, ce jardin de rêve a pris place dans un simple talus aux dimensions généreuses. Pourtant, avec son étang, il semble avoir toujours été là; dialoguant en parfaite harmonie avec le paysage environnant. Le résultat d’un travail subtil sur les transitions entre les différentes zones du jardin.
En dénichant cette maison perchée sur une parcelle de plus de 7000m2 offrant de très vastes perspectives sur la campagne vaudoise, le désir du propriétaire qui rêvait d’un ciel immense et de grands espaces est en partie comblé. Doté d’un imaginaire nourri de jardins à l’anglaise et d’une grande sensibilité à la nature authentique, il commence à aménager son jardin en plantant des groupes d’arbres en fond de terrain. Entre cet arrière-plan et la maison subsiste un talus dégagé, d’une généreuse superficie. C’est là qu’intervient le troisième maillon de la chaîne, Julien Kellenberger, architecte paysager.

Si, au départ, l’homme de l’art est mandaté pour la création d’une terrasse en bois en lien avec la maison, une fois sur le site son inspiration galope. Il dessine alors un jardin qui dévale le talus et le déborde, avec de l’eau ruisselant dans la pente pour aller se perdre plus bas dans un étang.



Laisser place à la spontanéité
Pour aboutir à ce résultat naturel, en positionnant les premiers éléments structurants, les paysagistes ne cherchent pas à tout définir ni à tout caler de manière définitive. Ils posent les bases du plan, modèlent les lignes principales du terrain, les accès, les cheminements, les buttes, les courbes, les volumes, etc. et procèdent ensuite par ajouts ou retouches successives au fur et à mesure de l’avancement du projet. Selon leurs formes et leur dimension, les divers éléments sélectionnés – pierres, plantes, arbres, marches… –viennent ensuite s’installer avec l’évidence du naturel.


S’appuyer sur les trois éléments constitutifs d’un paysage naturel
Le minéral tient une place essentielle dans le paysage du jardin. Charriées par le Rhône et ballottées depuis sa source, les roches le structurent, le façonnent, le modulent, et lui procurent énergie et puissance. Debout, les pierres s’érigent en muraille ; empilées, elles font naître une cascade ou simulent un éboulis ; posées, elles tracent des passages, dessinent les contours de l’étang, affleurent l’eau comme un gué, voire en surgissent telles des menhirs… Émergeant du végétal, elles semblent avoir préexisté au jardin, comme s’il était né de leur présence.


Le végétal foisonne et endosse tous les rôles avec la légèreté du naturel. Il s’insère entre les pierres, s’insinue entre les marches, se faufile dans les interstices, part à l’assaut d’une butte. Qu’il rampe, se répande en gerbes ou en touffes ondulant sous le vent, il semble jaillir spontanément et croître à sa guise.

Quant à l’eau, le jardin ne peut s’imaginer sans elle, si bien qu’on a l’impression qu’une source sous-jacente traverse la maison. Cette eau ruisselle, chevauche les pierres, éclabousse et s’élance dans une bruissante cascade retombant dans l’étang. Pièce phare de la composition, ce dernier comporte une zone dédiée à la filtration de l’eau et une autre destinée à son oxygénation, fonction assumée par la cascade. Mais l’étang offre aussi une partie plus dégagée permettant la baignade, un plaisir simple comme celui qu’en propose parfois la nature au hasard d’une balade.

Dans ce projet complet, qui fait corps et vit avec son environnement, l’habile combinaison des éléments a créé un jardin de rêve dans un rêve de jardin !