Et si nos villes produisaient autant d’énergie qu’elles n’en consomment ? La coïncidence entre les besoins et les sources de production est un enjeu questionné aujourd’hui par de nombreux territoires urbains. Zurich affiche l’ambition de devenir « la ville du solaire » avec des panneaux photovoltaïques sur le plus de toits possibles. Lausanne offre un exemple intéressant d’usine de valorisation thermique et électrique des déchets. À Genève, on construit le réseau hydrothermique GeniLac pour chauffer et refroidir les bâtiments avec l’eau du lac Léman. Et dans diverses communes, on envisage la géothermie profonde et moyennement profonde comme une solution possible pour produire de l’énergie renouvelable (voir le quartier des Plaines-du-Loup). Mais d’autres solutions existent également à l’échelle du bâtiment ou du quartier. En voici trois dont vous n’avez peut-être jamais entendu parler.
1. Mettre de l’éolien sur les toits d’immeubles
Wind my Roof est une jeune start-up qui propose une solution innovante pour exploiter le vent en zone urbaine: des éoliennes de toit associées à des panneaux solaires. Le solaire produit lorsque le soleil est présent… soit de jour, et notamment autour des heures du midi. L’éolien connaît une production horaire plus stable, avec une production horaire diurne et nocturne.
Les éoliennes « Windbox » s ’installent les unes à côté des autres sur la ou les façades les mieux orientées par rapport aux vents, en bordure afin de profiter de l’accélération de façade. Elles ont déjà été installées sur le toit d’un immeuble de logement dans la ville de Rouen (France).
Sans se prononcer sur l’efficacité de la Windbox, Anita Niederhäusern de Suisse Eole rappelle que les grandes éoliennes font, par ailleurs, sens à plusieurs niveaux: « le bilan écologique des petites éoliennes est nettement moins bon que celui des grandes éoliennes car la consommation d’espace est très élevée si on la compare à la production: pour produire autant d’électricité qu’un seul grand mât éolien moderne d’environ 200 m, plus de 4000 petites éoliennes 5 à 15 mètres sont nécessaires. Par ailleurs, plus la surface que parcourent les pales est grande, plus une éolienne produit d’électricité : ainsi, en doublant la longueur des pales d’une éolienne, la production quadruple ».
Plus d’infos sur la Windbox de Wind my Roof ici.
2. Transformer en chaleur n’importe quelle infrastructure en sous-sol
Enerdrape est une spin-off de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL). La société présente la première technologie de panneaux géothermiques préfabriqués au monde. Ces panneaux offrent un avantage unique en exploitant l’énergie thermique renouvelable sans avoir besoin de forage, convertissant efficacement des espaces souterrains tels que des parkings, les caves d’immeubles ou des tunnels en sources d’énergie renouvelables. En utilisant ces panneaux, les bâtiments peuvent être chauffés et refroidis grâce à une énergie verte, ce qui entraîne une réduction substantielle des émissions de CO².
Les panneaux Enerdrape sont modulaires, minces et flexibles, et sont construits à partir de matériaux recyclables. Ils sont compatibles avec toutes les pompes à chaleur, ce qui en fait un choix polyvalent pour la rénovation de bâtiments existants et leur intégration dans de nouveaux projets de construction.
Une installation test d’une dizaine de panneaux prototypes a d’ores et déjà été inaugurée à Lausanne. Plus d’infos ici.
3. Récupérer l’énergie des datacenters
Les datacenters accueillent des machines qui ont pour mission de garantir la sécurité et la disponibilité permanente des services cloud que nous utilisons chaque jour, du stockage au streaming vidéo en passant par les e-mails ou encore les outils de vidéoconférence. Ces structures informatiques transforment l’énergie électrique en énergie thermique, qui dans la majorité des cas, est relâchée intégralement dans l’atmosphère afin de maintenir les machines à température constante. Un véritable gaspillage d’énergie.
De nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui pour proposer que les datacenters soient installés là où on en a besoin, autrement dit, à proximité des villes et de réseaux de chauffage à distance, pour que la chaleur dégagée puisse entièrement être revalorisée. C’est tout le sens du projet réalisé autour d’un datacenter Infomaniak dans le quartier La Chapelle-Les Sciers à Plan-les-Ouates (travaux en cours).
La chaleur produite par les serveurs qui est évacuée par le système de ventilation sera récupérée afin d’être valorisée. Les calories (chaleur) de l’air seront envoyées dans une pompe à chaleur pour produire à terme jusqu’à 1.5MW d’énergie thermique. La chaleur ainsi récupérée (environ 12GWh annuels) sera injectée dans le réseau de chauffage à distance Chapelle les Sciez. Ce dernier sera interconnectés à GeniTerre, un réseau thermique structurant, à l’horizon 2026-2027. De cette façon, l’énergie de récupération, une fois injectée dans les réseaux SIG , fournira de la chaleur aux habitations genevoises.
