Faisant naître la beauté des matériaux bruts et des formes rudimentaires, des designers contemporains renouent avec un langage esthétique simple et éloquent. Si la tendance n’est pas sans rappeler le mouvement historique du « brutalisme », ce style décoratif contemporain s’est aussi largement émancipé.

C’est une tendance qui a émergé il y a environ cinq ans, en marge d’autres tendances plus raffinées. Les meubles et les accessoires de décoration présentant des formes simples et massives, une géométrie rudimentaire et une grossièreté délibérée ont fait leur retour dans la maison. Les designers renouant avec la beauté primitive et l’envie de dégager une poésie à partir de la masse de la matière.
Comme toutes les tendances, celle-ci puise son inspiration dans le passé. En particulier dans le mouvement architectural du « brutalisme » des années cinquante. Né après la Seconde Guerre mondiale, ce courant architectural a porté une utopie sociale moderne et défendu une esthétique privilégiant l’usage du béton sans ornements ni finitions. Il fut appelé « brutalisme » en raison du nom du matériau fréquemment utilisé par ces architectes: le béton brut.
Par extension, on a parfois qualifié de « brutalistes » les accessoires pour la maison et les meubles en béton dessinés dans les années cinquante par des personnalités pionnières comme Le Corbusier (voir la lampe Borne Béton chez Nemo), Willy Guhl ou Giovanni Offredi. Ce style étant tombé en désuétude au cours des années 70.
Or, s’il y a bien aujourd’hui un retour des codes du brutalisme, on remarque que l’héritage a largement été digéré. La nouvelle génération de designers s’intéresse ainsi à la beauté de toutes les matières dépourvues de finitions artificielles: le béton brut, mais aussi le béton teinté dans la masse, le bois et les pierres naturelles, les matériaux industriels peu travaillés, brûlés ou patinés par le temps. Un style « brutaliste » ou « néobrutaliste » que l’on pourrait aussi – pour éviter toute confusion avec les idées portées par le courant architectural des années cinquante – qualifier de « sculpturalisme brutal » ou de « rough modern« .
1. Euclide Collection, Forma&Cemento

2. Monolith vases, Kristina Dam

3. Stack storage box, Kristina Dam

4. Table Kombinat, Heerenhuis

5. Pawn Table, design Marie Michielssen, Serax

6. FCK tableware, design Frédérick Gautier, Serax

7. 001 Dining Chair, design Fredrik Paulsen, Vaarnii

8. Cache-pots Highlands, collection Green Living, Bolia

9. Collection Brutus, 101 Copenhagen

10. Table d’appoint UTA, Ferm Living

11. Luminaire Vesper Duo, Lee Broom
