À Genève, les nouveaux cafés, bistros fast good-food, pop-up ou cantines sélects foisonnent. On y trouve du bon et du moins bon. Plutôt qu’un inventaire à la Prévert compilant les nouveautés, on en a retenu sept. Sept ambiances, sept raisons de bien manger et aussi sept travaux d’architectes d’intérieur qui font plaisir à voir.
1/ Blé noir, architecture intérieure : Youri Kravtchenko / Ykra
Logé dans l’ancienne Auberge du Cheval Blanc à Carouge, Blé Noir est une géniale crêperie. L’intérieur, signé du bureau Ykra, est cosy, mi-minéral mi-boisé. Il renvoie aux crêperies des villages du Finistère qui fleurent bon la simplicité et la bolée de cidre, avec des assises signées Bruno Rey et des suspensions semblant recouvertes de napperons brodés. Dans l’assiette, le mariage est tout aussi parfait : farines made in là-bas, produits hyper locaux et signature du chef Benjamin Luzuy. Une adresse familiale où l’on se sent bien et qui fonctionne autant pour le repas de midi que pour un brunch de week-end.
2/ Filomena, architecture intérieure : Javier Müller
Dans le quartier hyper métissé des Pâquis, le Filomena est une adresse qui détonne, petite par la taille mais diablement attirante par ses larges baies vitrées. Décoré par l’agence Javier Müller, un long bar d’un vert intense structure tout l’espace et sert de meuble de présentation et de service. On y mange un banana bread de folie, et le spot est réputé pour y faire ce qu’on pourrait nommer du « télécafé » ! Pour le coup, on apprécie le long banc qui s’inscrit dans la vitrine, et l’ensemble qui lui donne un petit air à la Hopper. Si le nom est une référence familiale ce « cafénomène » remporte tous les suffrages.
3/ Maison Rousseau et littérature (MRL), architecture intérieure : Atelier Nicolas Perrottet
La MRL est ce qu’on peut appeler une maison littéraire. Un lieu offrant un parcours dédié à Rousseau et quantités d’événements qui font vivre le livre. Un indispensable. Avec ses détails de noyer et de laiton, son marbre verde de serpa et son parquet en chêne, l’endroit a tout d’un salon de thé où causer en toute intimité. Avec un intérieur soigné, raffiné, souligné par la création de papiers peints dédiés signés Nicolas Perrottet. Tout un univers emplis d’élégance et qui peut donner l’impression de faire corps avec l’objet-livre, voire de faire partie prenante de l’histoire en cours pour qui est prêt à passer de l’autre côté de la vitrine.
4/ Wild Girls, architecture intérieure : Juliette Roduit (en collaboration avec Marc Popper)
À une autre époque, leur enseigne n’aurait pas dépareillé dans un décor de western, et ce d’autant plus que les « wild girls » en question ont l’air bien droites dans leurs bottes. Après avoir écumé le resto du Bon Génie et tenu une boutique en ligne pendant la période Covid, voilà que Mira, Farah et Mona sortent du bois dans une échoppe qui sent bon la recette de grand-mère rebootée au goût du jour : « naturel et fait maison ». L’architecte Juliette Roduit a imaginé un comptoir des délices qui a tout du General Store de Walnut Grove. Tout en douceur et tons pastel, pas si sauvage que ça, mais un rien rebelle.
5/ Mifood Miraisin, architecture intérieure : Dunja Stanić et David Pili / Atelier August
Longtemps, l’adresse a oscillé entre une petite restauration de qualité et une sélection de bouteilles à se damner. Aujourd’hui, elle développe un concept « café / épicerie / table » qui en fait l’une des adresses les plus intéressantes de la ville. Pour l’occasion, la déco a été signée du jeune Atelier August, avec un mobilier dessiné et réalisé sur mesure. En s’affichant tel qu’il est, sans fard, avec une bonne dose d’authenticité et juste rehaussé par les affiches de Michel Tolmer, l’espace fait la part belle à une ambiance « libre et nature ». Une adresse toute « mimi », sans faute de goût.
6/ Kiosque des Bastions, architecture intérieure : Studio Julia Christ
Le résultat est bluffant, d’une élégance qui rend autant hommage à l’architecture Belle Époque qu’à l’environnement immédiat. En restaurant les éléments d’origine tels que le terrazzo, les serrures et les boiseries, en supprimant la serre ajoutée dans les années 1990, en redonnant leur éclat aux lustres fastueux, le studio Julia Christ a rendu à ce vénérable kiosque à musique les atours et l’opulence joyeuse de ses origines. En y ajoutant des rideaux acoustiques célébrant le monde végétal (une réalisation de Flor Chedufau pour Création Baumann), le lieu respire l’esprit du Crystal Palace qui en inspira la création entre 1881 et 1882.
7/ Sawerdō, architecture intérieure : Bureau
D’une certaine manière, le Sawerdō, c’est d’abord cette longue table marbrée et montée sur des pieds couleur flamant rose qui dévale depuis le desk de service jusqu’à la salle en offrant de multiples possibilités d’assise. Un lieu à l’esthétique industrielle (ampoules gainées de rose tombant du plafond, étagères métalliques), mais dont la vocation est de mettre en valeur le travail artisanal d’un pain « croustillant et moelleux ». Réalisé par le bureau BUREAU de Daniel Zamarbide, c’est un lieu aussi intemporel qu’inattendu ; un café qu’on pourrait retrouver à Berlin ou Lisbonne et qu’on a la chance de pouvoir goûter à deux pas de la gare Cornavin.
