Guillermo Santomà, architecte et designer, repousse les frontières de l’architecture. La Casa Horta, sa maison à Barcelone, conjugue avec maestria lumière, couleurs exotiques venues d’Inde et formes libres. Visite de cette oeuvre d’art en trois dimensions.
Nichée dans le quartier de Guinardò, entre collines et vue plongeante sur la capitale catalane, la Casa Horta est une petite bâtisse début 20e révélant les traces d’un passé glorieux. L’artiste va tomber sous son charme et lui donner une seconde peau: trois étages hauts en couleur et une géométrie impeccablement maîtrisée qui absorbe tout. Même les meubles – quasi inexistants.
Guillermo Santomà offre à sa maison un nuancier de teintes vives et profondes qui mettent en valeur les spécificités de la construction. Géométrique et tumultueux, le bâtiment d’origine regorge d’angles, de courbes, de recoins et d’ouvertures. Santomà a conservé ce qu’il fallait de la configuration traditionnelle de l’existant mais il a aussi beaucoup démonté et déconstruit. Ignorant la logique spatiale, il a réalisé des points de vue inattendus.
À l’intérieur du salon par exemple, l’architecte a ouvert une deuxième arche en contrepoint, ce qui crée non seulement une alcôve, mais ajoute de la plasticité à l’espace. Dans cette pièce, l’architecte a également effectué une ouverture dans le mur qui donne sur la cage d’escalier. Les espaces bénéficient ainsi d’ «une source de lumière naturelle toujours active».
Toutes les pièces sont réalisées dans une couleur différente. Un vert foncé enveloppe tout le salon, jusqu’au premier étage où se trouve la chambre, qui ressemble à un hamac suspendu avec son sol en treillis métallique.
La salle à manger, la cuisine et la salle de bain sont habillées de rose indien, une couleur emblématique qui se décline sur les faïences de la cuisine à double hauteur et sur les murs de la salle de bain.
Le blanc éclatant des escaliers irradie par les ouvertures.
Toutes les pièces sont réalisées dans une couleur différente, mais elles sont en même temps connectées. «Je suis parti du vert pâle des portes pour les murs de l’entrée, dit-il, quant aux autres couleurs, j’ai fait de nombreux essais avant d’obtenir la bonne teinte.» explique Santomà.
Les atmosphères défilent et les détails apparaissent à travers une ouverture ou une porte. À partir d’un petit jardin intérieur, on accède à l’étage inférieur, pas encore entièrement fini. Pour le moment, on y trouve un sofa Noguchi côtoyant une table en forme de nain de jardin signée Philippe Starck, devant l’évocation d’un foyer de cheminée.
Le mobilier de la maison est principalement constitué de chaises : une anthologie de pièces des années 1980 et 1990, dont la plupart sont signées par des grands noms que Guillermo reconnaît comme ses maîtres – de Gaetano Pesce à Oscar Tusquets, en passant par Martino Gamper et Michele De Lucchi. Même les œuvres d’art sont signées par ses amis, notamment Maria Pratts. Peintre du mouvement underground de la capitale catalane, elle a laissé une empreinte importante sur le mur rose de la salle à manger.
En évoluant dans cette maison atypique, de nouvelles associations se profilent selon l’angle de vue du visiteur.
